Adipocere existe depuis 21 ans

Christian BIVEL

Adipocere


- Tout d’abord, pouvez-vous présenter Adipocere, ses activités (label, distribution, VPC) et son historique ?

Adipocere existe depuis 21 ans : juin 1992 ! ça commence à devenir une longue histoire. J’ai démarré ce label metal seul, en commençant à produire quelques 45 tours et en faisant de la vente par correspondance. À ce stade, le seul moyen d’écouler ce genre de productions underground est les échanges avec d’autres labels spécialisés. Et donc on se retrouve vite avec de plus en plus de produits différents à vendre. D’où la nécessité de faire de la VPC. Puis on a vite fait aussi des albums, et là commence la recherche de distributeurs à l’étranger. À cette époque c’était bien plus facile. Et ainsi l’activité a grossi petit à petit, avec la taille de l’équipe. Un premier employé assez vite, puis deux, et jusqu’à plus de dix à une époque. Mais depuis 2002, la chute a commencé, et à présent nous ne sommes plus que trois ici, dont deux employés à mi-temps ! En 2013 nos différentes activités sont : toujours la vente par correspondance, une boutique à Bourg-en-Bresse, et aussi du pressage (CD, DVD, vinyle) surtout pour les groupes autoproduits ou les petites structures (sous l’enseigne ADI-MEDIA).

- De ton point de vue, quelle est aujourd’hui la situation du metal et des musiques extrêmes en France ?

Le metal a toujours été et restera en France une musique marginale. La majorité de la “jeunesse” préfère se faire lobotomiser par de la “non-musique” toute formatée. Mais ces dernières années, je trouve quand même que le metal rentre un peu plus dans les mœurs. Mais ça n’est plus le même état d’esprit qu’au début des 80’s où le metal était souvent exclusif. À présent des jeunes écoutent du metal mais sont aussi ouverts sur d’autres styles. Mais certains, sûrement suite à l’éducation de leurs parents, gardent cet état d’esprit. Avec notre boutique à présent, on peut donc rencontrer le public,et voir de plus près cette évolution, et c’est très intéressant à vivre, chose qui n’était pas possible avant en faisant que de la VPC.

- Du point de vue de la production comme du point de vue des publics, quelles sont les évolutions que tu as pu observer ?

Au niveau de la production, nous avons stoppé cette partie depuis plus de 5 ans. Déjà nos 2 déménagements depuis 2008 et notre situation financière, et notre équipe réduite, ne nous permettent plus de faire de la production de groupes comme avant. De plus c’est devenu très dur et risqué, car entre la baisse générale et régulière des ventes, et la surproduction, nous ne pouvons plus produire comme avant avec les même frais (studio, promo). Le marché est vraiment trop saturé. Dans les 80’s on pouvait acheter presque tout ce qui sortait, car il y avait sûrement moins de 10 nouveautés chaque mois. Alors que de nos jours, on pourrait en trouver entre 100 et 200 sans soucis. Ceci incite aussi fort justement les gens à télécharger pour tout connaître. Qui pourrait se payer de nos jours 100 CD par mois ?!! Mais pourtant, on est juste en train de ressortir un album !!! Azure Emote, groupe de death avant-gardiste américain. Mais en fait, le CD sort sur un Label polonais, et nous faisons juste la version double LP (avec bonus) en licence avec le groupe. On l’attend courant juin, on espère juste avant le Hellfest pour faire une séance de dédicace à notre stand. Car le leader du groupe est aussi le guitariste de Monstrosity qui joue au Hellfest. Ça tombe donc bien.

-  On pourrait penser qu’il existe un vrai public et une production significative en France dans ces esthétiques. Pourquoi n’ont-elles pas plus de relais en promo et presse ?

Il existe quand même encore plusieurs magazines en France spécialisés sur la musique metal. Et beaucoup de webzines sur Internet. Ce nouveau mode est très important et très développé. Et également Steph de Loudblast a commencé une émission hebdomadaire télé “Une dose 2 metal”, mais visible uniquement via la Neuf Box (Canal 133) ou en Podcast sur leur site. Il y a également beaucoup de labels français produisant du metal, et ce depuis plus de 20 ans. Et énormément de groupes de grande qualité ayant pu signer sur de gros labels étrangers. Donc tout s’est amélioré pour le metal français.

- Quelles sont les difficultés rencontrées dans la production ? Êtes-vous dans la configuration de devoir faire du 360° ? Si oui, est-ce facile de booker des concerts de musiques extrêmes ?

Je ne sais plus trop ayant mis cette activité en sommeil depuis 2007. Mais les plus grosses difficultés de toute manière sont financières, car ventes trop faibles. Après au niveau des concerts, il y en a de partout et souvent, et même dans des salles conventionnées. Tant qu’il y a du public qui vient, il y aura des concerts extrêmes.

- Est-ce plus facile pour ces esthétiques ailleurs en Europe, ou dans le monde ? Pourquoi selon vous ?

Oui, ayant beaucoup voyagé en Europe, on voit que la France a toujours eu 20 ans de retard dans ce domaine. Un pays comme l’Allemagne a toujours été très “rock” en général et le look metal n’y a jamais choqué personne. En gros partout en Europe, sauf en France. Pourquoi ?? je n’en sais rien. Car on ne peut pas dire à cause de la culture méditerranéenne, car en Espagne ou en Italie par exemple le metal est très présent aussi.

http://www.irma.asso.fr/Les-musiques-metal-sont-deja-des